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Amoureux d'un jeu.

Être amoureux.

Penser à quelqu'un tous les jours, toutes les heures, tout le temps. Attendre de le revoir impatiemment, n'en plus dormir. Avoir le cœur qui bat trop fort quand on est ensemble et n'avoir besoin de rien faire si ce n'est d'être là, pour être bien.

Je ne suis pas beaucoup tombé en amour dans ma vie, quelques fois au plus.

Et récemment je suis à nouveau tombé amoureux. Mais pas de quelqu'un. D'un jeu.

J'avais déjà expérimenté l'amour d'un jeu, plusieurs fois, pendant mon adolescence. Je me souviens avoir fini Ratchet & clank 3 trop vite, voulant profiter de la passion qui m'animait. Je me souviens avoir voulu faire durer notre relation plus longtemps, avec un 'New Game+'. Puis un autre. Et encore un, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de contenu à découvrir, plus rien à débloquer, sans remarquer que ce qui m'animait était déjà parti, jour après jour, partie après partie. Je me souviens y être retourné par nostalgie plusieurs fois aussi.

Je crois avoir éprouvé ce sentiment vis à vis de plusieurs jeux, régulièrement. Mais poutant ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé. Je ne sais plus depuis quand.

Peut être que ça s'est arrêté quand j'ai commencé à faire mes propres jeux, à analyser ceux auquels que je jouais. J'aimais toujours jouer, mais il ne m'arrivait plus d'être obsédé par un jeu, d'y penser hors de mes sessions de jeux si ce n'est pour continuer mon analyse, pour m'expliquer pourquoi tel aspect du jeu fonctionne sur moi ou pas.

Et pourtant, cette semaine, je suis tombé amoureux de Quadrilateral Cowboy.

J'avais oublié qu'on puisse aimer à ce point un jeu.

Raisonnablement ou pas d'ailleurs : je ne sais pas si le jeu est si bon que ça.

Ce qui m'a fait l'aimer, je crois, c'est que pour la première fois en longtemps, je n'ai pas compris un jeu. Je n'ai pas compris ce que Quadrilateral Cowboy me demandait. Ou peut être que si. En tout cas je n'étais jamais sûr de le savoir.

Mais malgré ça, j'ai fini le jeu. Sans savoir si mes solutions aux puzzles étaient les bonnes, si elles étaient les solutions prévues par les développeurs. Sans savoir si elles résultaient de l'emergence. Souvent les solutions avec lesquelles j'arrivaient à passer un niveau me paraissaient stupides et propre à moi même. Et pourtant je réussissais toujours, ça paraissait même être la seule solution possible. J'ai eu l'impression que le jeu me comprenait, sans me laisser le comprendre. Il restait mystérieux et pourtant savait tout de moi, il m'a emporté avec lui : au lieu de me guider, comme beaucoup de jeux, il m'a fait danser avec lui, m'a laissé éxercer mes propres pas devant lui, sans me laisser savoir exactement si lui et moi dansions de la même façon. Sachant juste qu'on était ensemble.

Je ne sais pas si je sais danser, je ne sais pas si je sais jouer à Quadrilateral Cowboy.

Mais j'aime danser. Même en improvisant mes pas. Et j'aime celleux qui me laissent danser avec eux malgré ça.


Playful stupidity.

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