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Je ne sais plus jouer

9 Janvier 2018 Ecrit en visionnant la vidéo de Pier-re, J'acte — que je fais plus — que jouer (1/3)

Je ns sais plus jouer.

Je crois que je ne sais plus jouer, ou en tout cas je ne sais plus chanter.

J'ai perdu à Smash bros, trois fois de suite et puis je me souviens plus des paroles des mains froides. J'ai du mal à m'exprimer et quand c'est pas les mots qui me reviennent pas c'est les accords que je retrouve plus.

J'ai essayé de battre mon score dans Chime Sharp mais rien à faire j'ai même pas envie de marquer des points, faut dire que quand je suis sur scène ces derniers temps, j'ai du mal à trouver ma place face au public je retrouve plus mon personnage et dans the witness, n'avait d'importance pour moi la dernière fois que l'exploration, et les puzzles qui d'habitude provoquent chez moi curiosité et excitation semblaient me ralentir à un endroit qui ne m'intéressait pas.

Je n'arrive plus à jouer, j'ai du mal à trouver plaisir à jouer, je n'aime plus jouer. Je n'aime pas non plus le mot jouer. Le jouer ne veut plus de moi. Je ne jouerai plus jamais.

C'est faux, bien entendu. J'ai encore l'envie de jouer, et si ce matin je ne savais plus jouer même mes propres chansons, le souvenir du jeu me faisait envie et je sais que le plaisir reviendra.

Il reviendra quand à la pause midi j'arriverai à battre les copains à Smash. Il reviendra le 25 quand le public rira à mes vannes, que mon texte marchera, que je l'aurai travailler. Il reviendra quand j'aurai trouvé le chemin du puzzle qui m'a bloqué. Le jeu ne me veut pas mais ce n'est pas la première fois. Peut être que c'est moi qui n'en veut plus pour cette semaine, que j'ai besoin d'une pause, d'un break. D'habitude quand le jeu ne veut pas de moi, il s'agit plutôt d'un jeu, spécifique, qui ne veut pas me faire entrer dans l'expérience qu'il propose aux autres.Cette semaine, c'est moi. C'est moi qui ne suis pas à l'aise sur scène et c'est moi qui choisi mollement un personnage sans l'envie de gagner, sans vouloir le jouer, qui pense qu'il n'est pas assez travaillé, et que de toute façon, y'a qu'avec Link que je pourrais gagner. C'est moi qui lance steam par habitude sans me demander : est-ce que je veux jouer ? Moi qui prend la guitare sans me demander quelle chanson me plairait. C'est moi qui n'en apprend plus de nouvelles. Ça fait quelques jours, peut être quelques semaines. Je ne cultive plus mon envie de jouer. Et pourtant aujourd'hui c'est ce que je fais : je joue avec les mots, les lettres, les sonorités, je joue avec la langue en écriture quasi automatique. Je sais que mes lentilles seront trop cuites mais comme quand j'étais jeune et que je criais à ma mère que je ne pouvais pas sauvegarder, je continue d'écrire, en duo avec Pierre qui parle de théâtre et de jeu, qui m'inspire une nouvelle fois et qui donne envie de jouer, de créer, de jouer ce que je crée. Je joue à reprendre ses mots sans lier les sens, sans y penser vraiment. Je me relis, je corrige, mes yeux passent de la vidéo au texte, du texte que j'écris au texte que je relis, mes doigts continuent de taper et mes oreilles à écouter, mon cerveau à réfléchir, à me dire que le texte a sûrement changé de style, c'est là le défaut d'une écriture spontannée. Et je m'amuse à l'écouter dire que Birdman est un déclancheur, à me dire qu'il en est un pour moi.

J'ai été moi pendant quelques semaines et je crois que je n'ai juste pas envie d'être posséder, de me posséder, de me projeter, devant public ou derrière l'écran, pas l'envie de me démarquer, d'être un gagnant.


Playful stupidity.

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